- 1907 - Pierre Mendès France naît à Paris, le 11 janvier, dans le 3e arrondissement de Paris. Il débute ses études à l’école communale de la rue Jussienne puis les poursuit à l’école primaire supérieure Turgot.
- 1922 - Modèle de l’élitisme républicain, il obtient son baccalauréat à quinze ans et publie son premier article dans L’Université de Paris.
- 1923 - C’est l’époque de l’occupation de la province allemande de la Ruhr par les troupes françaises et belges décidée quelques mois plus tôt par Raymond Poincaré
Raymond Poincaré
Raymond Nicolas Landry Poincaré, né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse) et mort le 15 octobre 1934 à Paris, est un avocat et homme d’État français. Il est le Président de la République française du 18 février 1913 au 18 février 1920.
, président du conseil français, en raison du retard de paiement des réparations dues par l’Allemagne en exécution du traité de Versailles du 28 juin 1919. Cette occupation destinée pour les Français à aller chercher directement des réparations en nature, notamment le charbon si important pour les économies d’alors, créa un sentiment de haine sans précédent chez les Allemands humiliés par celle-ci. Cette haine trouva par ailleurs sa manifestation dans la « résistance passive » décidée par le gouvernement allemand.
A cette époque également, le gouvernement né de la révolution bolchevique en Russie n’était pas reconnu par la France. Lénine n’avait pas voulu reconnaître les dettes de l’ancien régime tsariste, en particulier les fameux emprunts russes réalisés auprès des épargnants français et cela constituait une pomme de discorde importante entre les deux gouvernements.
Pierre Mendès France entre à la faculté de droit et à l’Ecole libre des sciences politiques (“Sciences Po”). Il assiste pour la première fois à un meeting du parti radical dans l’ancienne salle de la Mutualité. Le discours de son chef, Edouard Herriot Edouard Herriot Édouard Herriot, né le 5 juillet 1872 à Troyes (Aube) et mort le 26 mars 1957 à Saint-Genis-Laval (Rhône), est un académicien et homme d’État français. Membre du Parti radical, il est une figure centrale de la IIIe République. , le séduit : Herriot y évoque la nécessité de mettre fin à l’occupation de la Ruhr, de chercher la réconciliation avec l’ancien ennemi, de susciter le désarmement et de reconnaître le gouvernement bolchevik en Russie. - 1924 - Les élections législatives en France voient la victoire du « cartel des gauches » associant radicaux et socialistes. Edouard Herriot devient président du conseil en juin 1924 : il se lance dans une réforme de l’enseignement, tente d’appliquer la séparation de l’Eglise et de l’Etat en Alsace-Moselle et accepte de se retirer de la Ruhr lors de la conférence de Londres de juillet-août 1924. En octobre, il reconnaît l’URSS.
Pierre Mendès France adhère au Parti radical et milite à la LAURS (Ligue d’action républicaine et socialiste) qui vient d’être créée et fait le coup de poing contre les Camelots du roi de l’Action française, l’extrême-droite monarchiste. - 1925 - Edouard Herriot chute en avril devant la crise financière. La chute du franc s’accélère. Pierre Mendès France se classe quatrième de sa promotion de Sciences Po.
- 1926 - C’est la fin du cartel des gauches. Raymond Poincaré est rappelé devant l’ampleur de la crise monétaire et forme un gouvernement d’union nationale rassemblant des radicaux (notamment Herriot), des centristes et des représentants de la droite modérée. Inspirant la confiance, Poincaré réussit à stabiliser le franc autour d’un cinquième de sa valeur de 1914 et domine la scène politique française jusqu’à son retrait en juillet 1929.
Secrétaire général de la section parisienne de la LAURS, puis à l’échelon national l’année suivante, Pierre Mendès France s’inscrit comme avocat stagiaire au barreau de Paris, et devient le plus jeune avocat de France. - 1928 - Pierre Mendès France soutient sa thèse de doctorat en droit, L’Œuvre financière du gouvernement Poincaré, et accomplit son service militaire comme caporal dans l’aviation ; au Parti radical, il est dans le groupe des « Jeunes Turcs » désirant rénover le parti, avec Jean Zay Jean Zay Né le 6 août 1904 à Orléans et mort assassiné par la Milice le 20 juin 1944 à Molles (Allier), Jean Zay est un avocat et homme politique français. Il est sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, député du Loiret et conseiller général. , Pierre Cot, Jacques Kayser.
- 1929 - Le rapprochement franco-allemand manifesté par la bonne entente entre Aristide Briand
Aristide Briand
Aristide Briand, né le 28 mars 1862 à Nantes et mort le 7 mars 1932 à Paris, est un avocat et un homme politique français.
, inamovible ministre des Affaires étrangères de 1925 à 1932, et Gustav Stresemann, son homologue allemand, en est à son apogée. Après la signature des accords de Locarno d’octobre 1925 reconnaissant volontairement les frontières entre les deux pays, du pacte Briand-Kellogg d’août 1928 renonçant à la guerre comme moyen de régler les différends internationaux, Aristide Briand propose en septembre 1929 qu’une « sorte de lien fédéral » unisse les Etats européens. C’est l’apogée du « briandisme » qui se manifeste l’année suivante par la proposition rédigée par le gouvernement français de création d’un régime d’union fédérale européenne, premier projet d’Europe politique de l’entre-deux-guerres.
En août 1929, est signé le plan Young réglant le problème des réparations allemandes jusqu’en 1988. Une banque des règlements internationaux est instituée en 1930 pour mettre en œuvre ce plan.
Pierre Mendès France s’installe comme avocat à Louviers, dans l’Eure. - 1930 - La crise économique mondiale ayant éclaté en 1929 provoque ses premiers effets : le projet de Briand ne reçoit qu’un écho modéré puis sera abandonné en 1932.
Inspiré par l’actualité, Pierre Mendès France publie un deuxième livre, La banque internationale. Contribution à l’étude du problème des Etats-Unis d’Europe, qui reçoit un accueil chaleureux. Pour PMF, la banque des règlements internationaux, à condition qu’elle ne soit pas indépendante ou sans légitimité propre, pouvait être la première étape et l’instrument de l’unification de l’Europe, et devenir garante d’un intérêt public européen. - 1932 - En juin 1932, le cartel des gauches remporte à nouveau les élections législatives et Edouard Herriot redevient président du conseil. A la fin de l’année, il chute sur la question des dettes françaises à payer aux Etats-Unis. En effet, pendant la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis avaient prêté de l’argent à la France pour financer le combat commun contre l’Allemagne. Ces dettes devaient être honorées par la France qui tenta cependant tout au long des années 1920 de lier le paiement des réparations par l’Allemagne et le remboursement de ces emprunts américains. Or, à la conférence de Lausanne de juillet 1932, devant les effets de la crise mondiale, la France avait accepté de mettre un terme au paiement des réparations allemandes. Une majorité de députés, dont Pierre Mendès France, sanctionna donc Herriot qui souhaitait malgré cela continuer à rembourser les Etats-Unis.
Pierre Mendès France est élu député de l’Eure ; il est le plus jeune député de France ; au congrès du Parti radical, à Toulouse, il prononce un réquisitoire contre la politique économique des radicaux, au nom des « Jeunes Turcs ». - 1933 - Hitler devient chancelier en Allemagne le 30 janvier 1933. Après l’incendie du Reichstag et des élections truquées, il interdit tous les partis politiques sauf le parti nazi et commence à mener sa politique raciste et antisémite (les lois de Nuremberg sont édictées en 1935). Il commence également à partir de 1935 à détricoter l’ensemble des décisions du traité de Versailles (réintroduction du service militaire en 1935, réoccupation de la Rhénanie en 1936, annexion de l’Autriche et des Sudètes en 1938).
Pierre Mendès France épouse Lily Cicurel. Deux enfants naissent : Bernard et Michel, respectivement en 1934 et 1936. Son premier grand discours économique à la Chambre des députés lui vaut l’approbation publique de Léon Blum Léon Blum Né le 9 avril 1872 à Paris et mort le 30 mars 1950 à Jouy-en-Josas (alors en Seine-et-Oise), est un homme d’État français. Figure du socialisme, il est président du Conseil de juin 1936 à juin 1937 et de mars à avril 1938, puis président du Gouvernement provisoire de la République française de décembre 1946 à janvier 1947. . - 1935 - Pierre Mendès France est élu maire de Louviers.
- 1936 - En juin 1936, le Front Populaire réunissant les radicaux, les socialistes et les communistes, remporte les élections. Des grèves spontanées avec occupation des usines sont organisées dans la foulée. Sont signés à la suite de celles-ci les accords de Matignon qui autorisent des augmentations de salaire pour les ouvriers et reconnaissent les délégués syndicaux pour les représenter. Quelques jours plus tard, les ouvriers obtiennent la semaine de 40 heures de travail et deux semaines de congés payés. Cependant, la situation économique s’aggrave rapidement forçant le gouvernement de Léon Blum à dévaluer le franc et à faire une « pause » dans les réformes.
Depuis juillet 1936, la guerre civile espagnole oppose les nationalistes de Franco aux forces de gauche vainqueurs des élections. La non-intervention est décidée en août 1936 par les puissances européennes à Londres mais est peu respectée : les forces nazies et fascistes soutiennent ouvertement Franco tandis que les « brigades internationales » de volontaires contre le fascisme sont armées par l’URSS.
Réélu député de l’Eure, Pierre Mendès France est le seul à voter contre la participation de la France aux Jeux olympiques organisés par les nazis à Berlin ; il soutient le Front populaire, malgré son désaccord sur sa politique monétaire (il souhaitait une dévaluation choisie et non subie) et sur la non intervention dans la guerre d’Espagne.
Il est aussi l’un des premiers maires à proposer l’élection de conseillères municipales à Louviers, en décembre 1936, alors même que les femmes n’avaient pas encore le droit de vote en France. - 1937 - Il est élu conseiller général de l’Eure (canton de Pont de l’Arche).
- 1938 - Devenu le plus jeune sous-secrétaire d’Etat au Trésor dans le deuxième gouvernement Blum du Front populaire, Pierre Mendès France élabore, avec Georges Boris Georges Boris Né le 9 avril 1888 à Paris et mort le 16 août 1960 à Paris, est un homme politique, journaliste et économiste français. Il rejoint la France libre à Londres en juin 1940. Homme d’influence, il conseille Léon Blum, Charles de Gaulle et Pierre Mendès France. , le premier plan de développement économique proposé au Parlement, mais le gouvernement est renversé trop vite pour qu’il soit appliqué.
- 1939 - Le 1er septembre 1939, l’Allemagne attaque la Pologne sans déclaration de guerre. Le 3, la France déclare la guerre à l’Allemagne. C’est le début de la « drôle de guerre » marquée par l’inaction du front pendant presque huit mois.
Lieutenant de réserve, alors que son mandat de député lui permettrait d’obtenir un poste sans risque, il est nommé dans l’aviation au Levant ; mais il souhaite se battre et réclame une affectation au front. - 1940 - Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas, la Belgique et la France. La percée réussie par les blindés allemands dans les Ardennes prend les troupes françaises et anglaises à revers et ces dernières doivent rembarquer dans l’urgence vers l’Angleterre à Dunkerque à la fin du mois de mai et au début juin 1940. Devant la débâcle, Paul Reynaud
Paul Reynaud
Né le 15 octobre 1878 à Barcelonnette (Basses-Alpes) et mort le 21 septembre 1966 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), est un homme d’État français. Député des Basses-Alpes (aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence) puis de Paris, il est plusieurs fois ministre sous la Troisième République, notamment ministre des Finances en 1938 dans le gouvernement Daladier.
, président du conseil, cède sa place à un partisan de la fin des combats le 16 juin, le maréchal Pétain
Maréchal Pétain
Philippe Pétain, né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais) et mort en détention le 23 juillet 1951 sur l’île d’Yeu (Vendée), est un militaire, diplomate et homme d’État français. Élevé à la dignité de maréchal de France en 1918, il est frappé d’indignité nationale et déchu de sa distinction militaire en 1945.
. Celui-ci, après avoir signé l’armistice avec l’Allemagne nazie, entreprend de mettre fin à la République, ce qu’il obtient le 10 juillet 1940 par le vote des députés et sénateurs qui lui accordent tous les pouvoirs.
Il met en place un régime autoritaire appliquant une législation antisémite (statut des juifs d’octobre 1940) et fait le choix de la collaboration d’Etat avec l’Allemagne nazie (entrevue de Montoire d’octobre 1940).
A Londres, le général De Gaulle De Gaulle Charles de Gaulle, communément appelé le général de Gaulle ou parfois simplement le Général, né le 22 novembre 1890 à Lille (Nord) et mort le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), est un militaire, résistant, homme d’État et écrivain français. lance son célèbre appel à la résistance le 18 juin et crée, avec le soutien de Churchill, la France Libre.
En permission à Paris pendant la débâcle, Pierre Mendès France demande à participer au combat, en vain ; suivant son unité au Maroc, il embarque à Bordeaux sur le Massilia, paquebot qui devait emmener en Afrique du nord les membres du gouvernement et du parlement souhaitant continuer la lutte. Il est arrêté à Casablanca le 31 août 1940 et est incarcéré à Clermont-Ferrand sous l’inculpation de désertion par le régime de Vichy, qui cherche des boucs émissaires. - 1941 - Bien que tous ses chefs aient témoigné en sa faveur, Pierre Mendès France est condamné à six ans de prison lors d’un procès inique ; après avoir épuisé tous les recours juridiques, il s’évade de la prison de Clermont-Ferrand pour “défendre son honneur”, comme il l’écrit à Pétain.
- 1942 - Après quelques mois de clandestinité passés à la recherche d’un moyen d’aller à Londres, en passant par la Suisse et le Portugal, il y rejoint De Gaulle en février 1942. Il lui demande immédiatement de se battre pour laver son honneur. Dès lors, ils auront une mutuelle estime.
- 1943 - Après avoir créé le comité national français en 1941 comme organe de gouvernement de la France Libre, De Gaulle rejoint Alger en 1943 et institue en juin le Comité français de Libération Nationale (CFLN).
Pierre Mendès France publie Liberté, liberté chérie à New-York (l’ouvrage ne sera publié en France qu’en 1977) ; de l’automne 1942 à l’automne 1943, il combat comme officier navigateur avec le Groupe Lorraine des Forces aériennes françaises libres (FAFL). Il est appelé par De Gaulle en novembre 1943 pour être Commissaire aux Finances du CFLN ; ainsi nommé ministre, il tient malgré tout à effectuer une dernière mission de combat ! Il élabore un plan de redressement de l’économie française. - 1944 - Début juin 1944, De Gaulle met en place le gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
Pierre Mendès France est nommé ministre de l’économie nationale dans le GPRF et préconise des mesures drastiques d’austérité, qui l’opposent à la politique plus facile prônée par René Pleven René Pleven Né le 15 avril 1901 à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort le 13 janvier 1993 à Paris (Île-de-France), est un homme d’État français. . Il participe également à la conférence de Bretton Woods destinée à réformer le système monétaire international et assiste ainsi à la création de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Il inaugure au cours de son passage au gouvernement les « causeries radiophoniques », sur le modèle de celles de Roosevelt, pour créer un lien plus direct entre les citoyens et lui. - 1945 - Le 21 octobre 1945, par référendum, les Français, hommes et femmes, décident de rejeter la constitution de la IIIe République et de faire des députés élus le même jour les membres d’une Assemblée Constituante.
De Gaulle ayant tranché en faveur de Pleven, Pierre Mendès France démissionne du Gouvernement Provisoire le 5 avril au nom de la rigueur ; il est élu Président du Conseil général de l’Eure. - 1946 - En opposition avec le retour en force des partis politiques, De Gaulle démissionne de son poste de chef du GPRF le 20 janvier 1946. Un premier projet de constitution est rejeté par les Français en mai 1946. Une seconde assemblée constituante sera élue en juin et proposera un second projet de constitution, approuvé par référendum en octobre. Celle-ci institue « l’Union française » comme cadre juridique pour ses anciennes colonies.
Après la proclamation de la République démocratique du Vietnam par Hô Chi Minh le 2 septembre 1945, la France reconnaît dans un premier temps le Vietnam comme « un Etat libre au sein de l’Union française » par les accords signés entre Jean Sainteny et Hô Chi Minh le 6 mars. Néanmoins, les relations se raidissent rapidement avec l’action de l’amiral Thierry d’Argenlieu, désigné haut-commissaire, qui fait bombarder le port d’Haiphong le 23 novembre. La guerre d’Indochine commence entre les troupes françaises et les forces du Vietminh, fidèles à Hô Chi Minh.
Pierre Mendès France est nommé executive director pour la France de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) — poste qu’il occupe jusqu’en 1947 —, gouverneur pour la France du Fonds Monétaire International — jusqu’en 1959 —, et est réélu député de l’Eure. - 1947 - La guerre froide et l’affrontement Est-Ouest s’installent progressivement en Europe : les ministres communistes du gouvernement français sont évincés de celui-ci. Le gouvernement français accepte l’aide financière américaine proposée par le Secrétaire d’Etat George Marshall.
Nommé délégué de la France au Conseil économique et social de l’O.N.U. (ECOSOC) — poste dont il va démissionner en 1951 —, Pierre Mendès France est réélu conseiller municipal de Louviers. - 1948 - PMF est élu président des gouverneurs du F.M.I.
- 1950 - Le conflit indochinois s’internationalise avec la victoire des troupes communistes de Mao en Chine en octobre 1949. Les Etats-Unis en deviennent des acteurs de plus en plus importants en soutenant financièrement l’action militaire française tandis que le Vietminh obtient le soutien de l’URSS et de la Chine.
Pierre Mendès France fait ses premières interventions au Parlement contre la guerre d’Indochine. Le 19 octobre 1950, après le désastre militaire français de Cao Bang, il s’attaque au coût exorbitant de la guerre, son impact sur la souveraineté de la France et indique que seule une solution politique peut permettre à la France de sortir de ce conflit. Il renouvelle ses critiques le 22 novembre 1950. - 1951 - Pierre Mendès France est réélu député et président du Conseil général de l’Eure. Le 30 décembre 1951, devant l’assemblée nationale, Pierre Mendès France attaque une nouvelle fois la politique indochinoise du gouvernement.
- 1952 - Nommé président de la commission des comptes de la Nation — fonction exercée jusqu’en 1960 —, il défend devant le tribunal militaire de Tunis plusieurs militants de l’indépendance tunisienne.
- 1953 - Le 16 mai 1953, paraît le premier numéro du journal l’Express sous la houlette de Jean-Jacques Servan-Schreiber, Françoise Giroud et Pierre Viansson-Ponté dans lequel Pierre Mendès France accorde une interview qui frappe les esprits : « la France peut supporter la vérité ».
Désigné par le président Vincent Auriol, la Chambre lui refuse de peu l’investiture comme président du Conseil le 3 juin (sa majorité de 301 voix contre 119 ne lui permet pas d’atteindre les 314 voix requises) ; il est élu président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale — poste occupé jusqu’à son investiture en juin 1954. - 1954 - Le 27 avril 1954, s’ouvre la conférence internationale de Genève réunissant 19 nations dont les Etats-Unis, l’URSS, la France et les deux Etats vietnamiens pour évoquer les problèmes asiatiques de la guerre froide (Corée, Chine, Indochine). Le 7 mai 1954, le camp français de Dien Bien Phu tombe. Dans cette atmosphère de désastre national, le gouvernement de Joseph Laniel est renversé dans la nuit du 9 au 10 juin. Désigné par le président de la République René Coty, Pierre Mendès France obtient l’investiture le 18 juin comme président du conseil par 419 voix contre 47 (143 abstentions).
Le gouvernement de Pierre Mendès France dure pendant sept mois et dix-sept jours. Son premier souci est de régler le problème urgent de l’Indochine par les accords de Genève signés le 21 juillet 1954 qui proclament l’indépendance du Laos, du Cambodge et des deux Etats vietnamiens (nord communiste et sud nationaliste). Concernant le problème des revendications tunisiennes d’émancipation, il accorde dans son célèbre discours de Carthage, le 31 juillet 1954, l’autonomie interne au peuple tunisien.
Devant l’échec de ses demandes de modifications au projet de Communauté Européenne de Défense (projet d’une armée européenne associée à de nouvelles institutions), Pierre Mendès France assiste sans s’engager au rejet de celle-ci le 30 août 1954. Pressé par les Etats-Unis qui souhaitent accentuer la défense de l’Europe de l’Ouest contre l’URSS, Pierre Mendès France réussit néanmoins avec l’aide de la Grande-Bretagne à faire signer et ratifier les accords de Londres et de Paris d’octobre 1954 permettant le réarmement de l’Allemagne de l’Ouest dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et de l’Union de l’Europe occidentale (UEO). Il tenta également de régler le problème du Statut de la Sarre, qui avait été une pomme de discorde entre la France et la République fédérale allemande (RFA) depuis la fin de la guerre, avec le chancelier Konrad Adenauer. Les événements de la Toussaint 1954 marquent le début de la guerre d’Algérie. - 1955 - Son gouvernement est renversé par l’Assemblée nationale dans la nuit du 4 au 5 février par 319 voix contre 273 (22 abstentions) à la suite d’un débat sur sa politique en Afrique du nord. Edgar Faure lui succède. Elu premier vice-président du Parti radical, Pierre Mendès France tente de le régénérer. A la fin de l’année, il mène campagne aux côtés de Guy Mollet pour le Front républicain rassemblant les socialistes, les radicaux hostiles au président du conseil Edgar Faure, les éléments de l’UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance) fidèles à François Mitterrand et certains gaullistes.
- 1956 - Les élections de janvier 1956 sont un succès pour le Front républicain. Pierre Mendès France est nommé ministre d’Etat dans le gouvernement Guy Mollet mais il en démissionne le 23 mai à cause de la politique menée en Algérie.
- 1957 - Pierre Mendès France démissionne de la direction du Parti radical.
- 1958 - A Alger, le 13 mai 1958, un « comité de salut public » composé de militaires et de partisans de l’Algérie française, est créé, ce qui suscite une crise politique importante avec le gouvernement légal menacé d’une action militaire en métropole. Cette crise amène progressivement le retour du général de Gaulle qui est investi président du conseil le 1er juin et demande les pouvoirs aux fins de rédiger une nouvelle constitution qui sera adoptée par référendum le 28 septembre. De Gaulle est élu président de la République.
Tout en étant dans un premier temps favorable à De Gaulle, le démocrate légaliste que Pierre Mendès France était, ne pouvait pas accepter les conditions dans lesquelles le général prenait le pouvoir. Pierre Mendès France fera preuve par la suite d’une opposition sans faille jusqu’au bout. Il participe à « l’Union des forces démocratiques », alliance électorale des partis opposés au retour du général de Gaulle et au projet de constitution de la Ve République ; battu aux élections législatives dans l’Eure en novembre 1958, il abandonne ses mandats de maire et de conseiller général pour se consacrer à la réflexion politique. - 1959 - Exclu du Parti radical pour son appartenance à l’Union des Forces démocratiques, il adhère au Parti socialiste autonome (PSA), qui fusionne avec d’autres groupes dans le Parti socialiste unifié (PSU) l’année suivante.
- 1962 - Profitant de l’émotion suscitée par l’attentat du petit Clamart, De Gaulle propose par référendum le 28 octobre que le président de la République soit élu au suffrage universel.
Pierre Mendès France publie La République moderne et prend position contre l’élection du président de la République au suffrage universel. Il est battu aux élections législatives à Evreux dès le premier tour. - 1965 - De Gaulle, mis en ballotage au premier tour, est réélu président de la République avec 55,20% des voix contre François Mitterrand.
Pierre Mendès France accorde son soutien à François Mitterrand contre De Gaulle lors des élections présidentielles. - 1967 - PMF est élu député de Grenoble ; son épouse Lily décède.
- 1968 - Les événements estudiantins débutés à Nanterre le 22 mars entraînent une crise politique et sociale majeure au mois de mai 1968. A la fin du mois, le pouvoir gaulliste semble vaciller. Les élections législatives anticipées provoquées par la dissolution de l’assemblée nationale décidée par De Gaulle entraînent cependant une victoire importante du parti gaulliste.
PMF participe au mouvement de mai, en particulier en se rendant, par crainte des violences policières à l’égard des jeunes, à la réunion d’étudiants et de grévistes au stade Charléty le 27 mai, mais il n’y prend pas la parole. Il perd son siège de député de Grenoble au mois de juin qui voit un raz-de-marée de députés gaullistes entrer à l’assemblée nationale. Il démissionne du PSU dans la foulée. - 1969 - Suite à l’échec de son référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation, De Gaulle démissionne le 28 avril. Georges Pompidou est élu président de la République.
Pierre Mendès France fait campagne aux côtés de Gaston Defferre lors des élections présidentielles. G. Defferre obtient 5,01 % au premier tour. - 1971 - Pierre Mendès France épouse Marie-Claire de Fleurieu, née Schreiber-Crémieux.
- 1972 - À la suite d’un problème de santé, PMF est contraint de réduire son activité.
- 1973 - PMF publie “Science économique et lucidité politique” avec Gabriel Ardant.
- 1974 - Georges Pompidou meurt au cours de son mandat le 2 avril 1974. L’élection présidentielle voit la victoire de Valéry Giscard d’Estaing avec 50,81% contre François Mitterrand.
Pierre Mendès France soutient à nouveau François Mitterrand lors des élections présidentielles et publie “Choisir”. - 1976 - Pierre Mendès France va consacrer la fin de sa vie à la recherche de la paix au Proche-Orient ; il organise des conversations secrètes entre progressistes israéliens et palestiniens, à la demande des deux parties.
- 1977 - Jimmy Carter, élu président des Etats-Unis en 1976, prend ses fonctions en janvier et compte relancer le processus de paix entre Israël et ses voisins arabes. En mai 1877, Menahem Begin, chef du Likoud (droite israélienne) remporte les élections. En novembre, Anouar el-Sadate, le président égyptien, est le premier dirigeant arabe à se rendre en Israël et à prendre la parole devant la Knesset, le parlement israélien. Cette visite prépara les accords de Camp David de septembre 1978 entre Israël et l’Egypte et le traité de paix entre les deux pays signé le 26 mars 1979.
Pierre Mendès France, présent à Jérusalem en novembre, y rencontre Sadate et Begin. - 1981 - François Mitterrand est élu Président de la République le 10 mai avec 51,76% contre Valéry Giscard d’Estaing.
Pierre Mendès France soutient François Mitterrand lors des élections présidentielles et verse quelques larmes au palais de l’Elysée lors de la cérémonie d’investiture de François Mitterrand le 21 mai 1981. Ce dernier lui aurait dit : « Sans vous rien n’aurait été possible ». - 1982 - Il s’éteint à sa table de travail le 18 octobre ; la France lui rend hommage par un hommage national.
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